La problématique de la réinsertion des détenus en fin de peine est une difficile équation pour nos Etats confrontés à la surpopulation carcérale et à la récidive. Malgré les efforts consentis pour désengorger nos lieux de détention, elles ne désemplissent pas. L’administration pénitentiaire et de la réinsertion ne sait où donner la tête surtout avec l’insécurité grandissante, des violences de tout genre et la conjoncture économique.
Les autorités judiciaires en l’occurrence le garde des sceaux, ministre de la justice et de la législation, Pius Kokouvi Agbétomey, est très préoccupé par cette situation. Il multiplie des efforts pour diminuer l’effectif des pensionnaires et éviter que nos prisons soient taxées d’endroits les plus dangereux, violents, inégaux et injustes mais plutôt des lieux de détention d’où sortiront des individus plus consciencieux, aptes à se réinsérer afin d’être utiles à leur communauté. Il a réitéré ces nobles intentions le, 10 Août 2023, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de solidarité avec les détenus instituée par les Nations Unies.
Cette célébration coïncide avec les 10 ans d’existence de l’association Soutien Mondial pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD). Elle a été marquée par une table ronde des partenaires sur l’amélioration des conditions de détention dans les prisons civiles du Togo. C’est sous une tente aménagée pour la circonstance que les échanges ont eu lieu entre les parties prenantes autour du thème : « Détenu aujourd’hui, acteur de développement demain ». Au nombre des participants il y avait des membres du corps diplomatique, les représentants des Institutions de la République, des ministères, des partenaires bilatéraux et multilatéraux, la société civile, la presse et des détenus. Ils ont honoré de leur présence cet évènement. L’objectif assigné à cette table ronde est de promouvoir l’amélioration des conditions de détention dans les prisons civiles du Togo afin de favoriser la réinsertion sociale des détenus et les encourager à devenir des acteurs de développement à part entière.
Pour arriver à cette fin, le garde des sceaux, ministre de la justice et de la législation a lancé un appel aux partenaires pour venir en aide à la SMPDD en vue de la réalisation des objectifs que s’est assignée ladite association crée en 2013 par, monsieur Coco de Kofi Woenagnon, un ex-détenu.
La situation dans les prisons civiles du Togo est peu reluisante. Le tableau a été peint par les détenus eux-mêmes. Ils déplorent entre autres les conditions d’hygiène, de santé, les lenteurs des procédures judiciaires, l’absence de l’aide juridictionnelle sans oublier la qualité et la quantité des repas qui leur sont servis.
Le Directeur de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, Idrissou Akibou, a de son côté, relevé la surpopulation et ses innombrables conséquences comme les défis majeures qui annihilent les efforts faits en matière de gestion des prisons civiles du Togo.
L’appel du Ministre
En présidant personnellement cette table ronde, le ministre de la justice et de la législation a voulu témoigner sa gratitude à la SMPDD qui, par ses multiples initiatives vient en appui au ministère dans la réalisation des missions qui lui sont assignées surtout, sur les questions de réinsertion des détenus. Sa présence témoigne aussi, si besoin en était, du capital de confiance dont jouie cette association auprès des acteurs du secteur judiciaire et exhorte les partenaires techniques et financiers à faire autant. Il a conseillé les pensionnaires des prisons à nourrir l’espoir de refaire leur vie un jour. « Celui qui par la force des choses se retrouve en prison, doit nourrir l’espérance en sortant de pouvoir se réinsérer dans la société, pour être utile aux siens et ne pas se considérer comme un paria ». Le ministre appelle aussi tout un chacun à plus de solidarité, de générosité et de sympathie pour amoindrir la souffrance des personnes incarcérées.
Coco de Kofi, un exemple réussi de réinsertion.
Le président de l’association SMPDD, Coco de Kofi Woenagnon, a saisi l’occasion pour partager son expérience avec les détenus présents et plaider pour l’appui de trois projets qu’il compte mettre en œuvre très prochainement. Il s’agit de l’entreprise carcérale pour préparer la réinsertion future du détenu, la famille d’accueil pour celle de l’enfant en conflit avec la loi et le jardin de production des produits maraîchers au profit des prisons et de la population. Une projection sur les actions et la stratégie de mobilisation des ressources a édifié l’ensemble des participants sur les expériences de cette association qui d’ailleurs, font écoles sous d’autres cieux.