La dernière étape était celle de Kpalimé où les acteurs de la justice juvénile notamment les auxiliaires judiciaires (police, gendarmerie), les acteurs sociaux (les éducateurs, les travailleurs sociaux, les ONG, les acteurs de la santé etc.), ont pris connaissance du contenu de ce document multisectoriel. L’exécution sur le terrain viendra donner de la matière à la révision en 2020 du code de l’enfant pour y intégrer certains sujets qui n’étaient pas pris en compte dans l’actuel code tel que l’enfant témoin.
Quand on parle de l’enfant témoin, aucune législation africaine n’en fait cas sauf le Nigéria et l’Afrique du sud. Le Togo fera donc partie du cercle restreint des pays où les enfants témoins seront protégés et 2ème pays en Afrique de l’Ouest après le Nigéria s’il venait à modifier ledit code.
Les enfants témoins sont des enfants qui font partie intégrante des problèmes auxquels est confronté la société. Ce sont des enfants objet d’enjeu entre parents en procédure de divorce. Certains sont témoins des violences entre papa et maman et cela affecte leur cursus scolaire. Ils ne sont ni auteur ni victime mais des enfants tout de même en danger qu’il faut protéger.
Ces enfants sont de plus en plus nombreux comme l’indique le rapport du Ministère de l’Enseignement Primaire. Selon Mme Abbey Kayi épouse Kounté, Magistrat, Conseiller à la Chambre judiciaire de la Cour Suprême du Togo, le milieu familial devrait être par essence le milieu protecteur de l’enfant, le milieu vers lequel l’enfant court lorsqu’il est menacé dehors. Malheureusement dit-elle, ce milieu devient de plus en plus malsain à la protection des enfants dans certaines familles où ils sont victimes souvent d’agressions sexuelle, physique et morale.
Aujourd’hui la situation poursuit-elle, exige que nous fassions de la culture de la dénonciation, un des mécanismes de protection de l’enfant. Très souvent les violences qui leur sont infligées en milieu familial ne sont pas dénoncées surtout si elles le sont par le fait du père ou de la mère. Et, lorsque l’agent judiciaire ou social est en face d’un cas de ce genre le document de directive nationale de justice pour enfant au Togo indique les bonnes pratiques c’est-à-dire la procédure à suivre. Après donc cette vulgarisation, les acteurs de la justice juvéniles sont appelés à produire de la matière pour permettre d’aller vers la révision du code de l’enfant pour une prise en charge judiciaire et sociale effective de l’enfant en contact avec la loi.
Le cadre stratégique, explique, monsieur Mama-Raouf TCHAGNAO, Directeur de l’Accès au Droit et à la Justice, permettra de faire en sorte que les ministères de la santé, de l’éducation, de l’action sociale, de la justice soient dotés de lignes budgétaires, de manière à ce que les juges lorsqu’ils sont devant un cas de prise en charge de l’enfant qui nécessite une expertise médicale ou tout autre expertise requise pour les besoins de protection de l’enfant, qu’ils puissent le faire aisément sans aucune réticence due au manque de moyens financiers pour solliciter l’expertise d’un psychiatre ou de tout autre expert pour le faire.