Thème : « L’Avocat au service de la justice ».
Mesdames et Messieurs les Procureurs Généraux,
Mesdames et Messieurs les magistrats,
Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Togo,
Mesdames et Messieurs les anciens Bâtonniers,
Mesdames et Messieurs les Avocats,
Mesdames et Messieurs les Notaires,
Mesdames et Messieurs les Huissiers de Justice,
Distingués Invités en vos grades et qualités, tout protocole respecté,
Je voudrais à l’entame de mes propos, rendre hommage au Créateur de nous avoir réunis en cette salle d’audience du Tribunal de Grande Instance de Lomé, Temple de Thémis, pour célébrer une des grandes professions juridiques que notre système judiciaire connaît.
Ensuite, je tiens sincèrement à remercier le Président de la République SE Faure Essozimna GNASSINGBE de m’avoir fait l’honneur de me nommer, sur proposition de la Première ministre, à la tête du ministère de la Justice et de la législation un des portefeuilles régaliens de notre gouvernement.
Ma présence en ces lieux est non seulement ma première grande sortie publique mais aussi une occasion de revoir ou de voir plusieurs acteurs de notre système judiciaire et je m’en réjouis.
Monsieur le Bâtonnier,
Elle est donc la première occasion qui m’est offerte de venir redécouvrir le rituel de cette cérémonie que nous héritons de la tradition française et que les barreaux francophones ont perpétuée et qui est un moment de rencontre du barreau avec lui-même, avec les autres acteurs de la justice, avec le public et la grande population.
C’est dire que c’est une cérémonie de grande portée qui permet à l’avocat de se faire connaître, de dialoguer avec les autres acteurs et d’appréhender les outils nécessaires à l’amélioration de son service et aussi de son rapprochement avec le public. C’est aussi le moment des bilans et des résolutions pour de nouvelles perspectives.
Le thème de la rentrée de la conférence de stage de cette année est « l’Avocat au service de la justice ». Un thème évocateur qui vient à propos d’autant plus qu’il comporte la dimension d’utilité publique de l’activité de l’avocat qui par son serment et son engagement, choisit de se mettre au service de la justice.
Aristote ne disait-il pas : « Un avocat est dans un procès ce qu’est un cuisiner dans un repas ».
Tout est dit. Ces audiences auxquelles nous assistons de plus en plus sans avocat, sont fades et manquent d’intérêt. Le rôle de l’avocat dans le rituel judicaire est primordial et la justice togolaise gagnerait en efficacité, en beauté et en crédibilité lorsque les parties se font assister d’avocats et que les plaidoiries et conclusions de l’avocat guident le raisonnement du juge. L’avocat doit, à tout instant s’impliquer dans l’œuvre de justice ; à toutes les phases de la procédure et dans toutes les procédures où le service de l’avocat est nécessaire pour rassurer le justiciable et mettre à l’aise le juge.
Mais cette implication doit être placée sous le signe de la probité, de l’honneur et de la sincérité.
D’ailleurs votre serment, vos usages et surtout vos règles vous imposent des obligations dont malheureusement certains de vos confrères, Monsieur le Bâtonnier s’écartent de plus en plus.
Des plaintes, des reproches, des récriminations dont certains de vos confères font l’objet, sont distillés dans la population et portés parfois jusqu’à la chancellerie lesquels peuvent remettre en cause l’image de marque de votre Barreau.
Monsieur le Bâtonnier,
Vous devez remettre les pendules à l’heure avec notre concours.
L’avocat au service de la justice, c’est l’avocat qui, en toutes circonstances, fait appel à sa conscience, au jugement de sa raison et à l’expression de sa dignité.
C’est l’avocat qui s’inscrit dans l’évolution de son temps et qui sait saisir les opportunités qu’offre la mondialisation des connaissances.
C’est l’avocat qui refuse l’enfermement et le repli sur soi pour s’élever aux dessus des dénonciations stériles et inutiles et qui va chercher, dans la loi et la modernisation des outils, matière à servir, efficacement la justice pour le bien de tous.
L’avocat, c’est celui qui s’inscrit dans une perspective avec des ambitions et des défis et qui s’opposent aux approximations et le fait accompli, pour créer une dynamique, innover et transformer le service de la justice.
Monsieur le Bâtonnier,
Chers invités en vos grades et qualités, tous protocoles respectés,
Le gouvernement sous la conduite du Président de la République SE Faure Essozimna GNASSINGBE veut faire du Togo un hub des affaires et un pôle de croissance qui portera notre pays vers une émergence efficiente dans un esprit de bonheur partagé.
Ce projet repose sur un certain nombre de piliers fondamentaux parmi lesquels il y’a la justice.
Un investisseur, un créateur de société n’est pas sécurisé en s’installant et en travaillant dans un environnement judiciaire incertain s’il se heurte à une justice corrompue, partiale et inefficace.
Une justice dont les acteurs se compromettent dans des actes qui portent atteinte à la loi et la morale.
Vous comprenez bien que ce n’est pas d’une justice décrédibilisée dont nous avons besoin et les avocats doivent être les sentinelles d’une justice qui protège, accompagne la prospérité et garantit les droits élémentaires des citoyens.
La cérémonie de ce jour est l’occasion d’un appel du Garde de sceaux à l’endroit des avocats pour qu’ils reprennent leur robe en faveur des causes nobles, justes et innovantes dans un esprit de dignité, de fierté et de respect des autres et d’eux-mêmes.
Me tournant vers les autres auxiliaires de justice que vous avez bien voulu inviter à votre rentrée, je voudrais les inviter à créer avec vous un esprit de collaboration au service de la justice. A chaque auxiliaire, ses fonctions, ses attributions et ses compétences. Cette concurrence inutile qui se développe au sein de vos corporations, ne saurait rendre service à la justice. Elle sert plutôt ceux qui n’ont pas vocation à exercer vos métiers. Je veux parler des démarcheurs, ces intermédiaires qui rôdent dans les couloirs de justice et qui créent la confusion dans l’esprit des justiciables.
C’est le lieu d’en appeler à la vigilance et à la rigueur des magistrats surtout des responsables des Cours et Tribunaux pour une meilleure action en vue de redonner à notre justice, ses lettres de noblesse et d’en faire un levier de notre développement.
Monsieur le Bâtonnier,
Mesdames, Messieurs les Avocats,
L’environnement régional et mondial nous impose des défis à tous les niveaux que nous sommes appelés à relever.
Le juriste africain, plus spécialement le praticien du droit, doit inventer d’autres paradigmes pour fixer de nouveaux caps. L’Afrique pour être présente au rendez-vous de l’universel, doit rassembler ses enfants autour des priorités et des exigences d’efficacité, de compétence et de responsabilité.
Et pour moi, ces exigences doivent être portées par une justice libre, indépendante, efficace et constructrice.
C’est donc avec l’espoir que le Barreau du Togo, qui a déjà prouvé par le passé, sa capacité à relever le défi de servir une justice indépendante, que j’adresse à l’ensemble du corps judicaire et plus particulièrement à l’ensemble des avocats, mes vœux de bonne et heureuse année 2024.
Je vous souhaite une bonne rentrée de la conférence de stage et vous assure de ma disponibilité à vous accompagner afin de faire du Barreau du Togo, ce phare qui nous éclaire et nous montre la voie de légalité et de la liberté.
Je vous remercie.